Souffle d'Afrique

Quand juillet sonne, le Tour de France se donne. Le lever de rideau est prévu le 4 juillet d'Utrecht (Pays-Bas). La vraie, la belle nouveauté : la présence, parmi les 22 équipes engagées, de MTN-Qhubeka, première formation africaine avec deux beaux diamants érythréens : Daniel Teklehaimanot natif de Dbarwa et le très jeune Merhawi Kudus né à Asmara. MTN-Qhubeka s'est offert en plus les services de l'inclassable et génial grimpeur Natnael Berhane (ex-Europcar) également natif d'Asmara. 

Pendant des années, la touche d'exotisme du Tour de France était incarnée par les Colombiens et leur Popayán Supremo de la région de Cauca, un exceptionnel café ...arabica . Désormais la grande majorité des téléspectateurs du monde entier les troquera pour les Érythréens. Les Africains francophones quant à eux vont apprendre qu'il n' y a pas uniquement sur le continent-ébène  le Tour cycliste du Burkina Faso ou la Tropicale Amissa Bongo qui se déroule au Gabon.

Ceux qui ont un ordi dans la tête se souviendront de la participation très honorable de Daniel Teklehaimanot en 2009 au Tour de l'Avenir (6^ème lors de étape de Gerardmer, et 10^ème) et que voilà 3ans, il termina 15^ème du Tour de Turquie.

En revanche Richard Virenque qui scrute le cyclisme africain depuis 2006 ainsi que l'expert Philippe Crépel ne seront pas vraiment surpris. Tant la progression et la professionnalisation des coureurs sont irréfutables. 

Afrique du Sud, terre du  cyclisme

L'arrivée sur l'édition 2015 de  la sud-africaine MTN-Qhubeka (créée en 1997 mais qui ne décroche son label d'équipe continentale professionnelle qu'en 2013),  n'est qu'une suite logique de l'engagement de l'entreprise de téléphonie dans ce sport. Plusieurs courses importantes se déroulent annuellement en Afrique du Sud. Je pense plus particulièrement à la Madiba-Classic, la Madiba Tour,  l'Hibiscus Cycle classic, la Mayday Classic, la PMB. C'est ce qui a conduit, sans doute possible, l'UCI à donner à ce pays l'organisation des derniers Championnats continentaux d'Afrique qui s'y déroulèrent  en février.

Érythréens, les forçats-grimpeurs

Sont-ce les épreuves de la vie qui ont forgé la détermination de  Daniel issu d'une modeste famille de 12 enfants ? Une chose est sûre, la vie de cycliste n'a pas toujours été clémente pour lui. Ses qualités ont tapé dans l'oeil d'un professionnel (Michel Thèze) en 2008, lors des championnats continentaux qui se déroulaient au Maroc. Son nouveau mentor va le faire venir en Suisse, entreprendre une opération du coeur et surtout intégrer le Centre mondial du cyclisme.  

Un exploit de nos amis érythréens n'est pas vraiment attendu avant les épreuves pyrénéennes. Ils sont identifiés comme des grimpeurs.  Je ne peux quand même pas oublier qu'en début de ce mois de juin , celui qui fut sacré meilleur grimpeur du Criterium du Dauphiné n'était autre que Daniel Teklehaimanot, le 3ème étant son coéquipier le sud-africain Louis Meintjes. Ce palmarès devrait faire de cet africain de 26 ans "la révélation"  lors de l'Alpe d'Huez ou du Galibier.Et ce,  même s'il pleut ! 

Daniel Teklehaimanot pourra compter sur son compatriote et coéquipier Merhawi Kudus, ce dernier est également un pur produit du Centre mondial de cyclisme où il effectua son apprentissage. Merhawi a décroché voilà quelques années une belle 15^ème place lors des Championnats du monde Espoirs, en dépit, d'une chute qui a compliqué sa préparation à cette épreuve. Le troisième maillon de la troïka érythréenne est le très capé Mekseb Debesay champion d'Afrique sur route en individuel à deux reprises et trustant les titres par équipe. En six participations, une seule lui échappa. Ce stratège devrait être une pièce maîtresse dans la tentative de quête du maillot à pois de  Daniel Teklehaimanot lors de ce Tour de France 2015.

                                                                                                                                                                    "Ils ont décidé de ne rien résoudre"

En l'athanor tapi dans le tréfonds son âme, les braises chargées d'indignation couvent le mot liquide qui se transmue inexorablement en pur métal d'insoumission. Mot-rage sans désespoir pour tout étant dard dans son combat contre le mal, la poétesse Nadia ORIGO n'aura de cesse  en quinze tableaux d'élever son chant au-dessus du champ des douleurs endurées.

Errance, exil, arrachement main dans la main dans une funeste danse. Complaintes pour exorciser, les excisées. Voile tendu pour les violées."Je pleure avec elle, je crie avec elle, Je l'ai entendue crier, Mais son cri est lointain " écrit-elle dans le poème éponyme de son recueil. ORIGO dénonce mais ne renonce jamais. Les horreurs de la guerre sont devenues son odieux fardeau, aux dieux. Son obole pour toute conjuration. "Ma transe est à son comble, ma transe tient à une corde" sanglote-t-elle. 

Le voyage qu'elle effectue à Abidjan, loin du bassin du Congo, va laisser des stigmates. "La Côte d'Ivoire est devenue, côte de boeuf, Attablés, les affamés savourent chacun sa part, et crient victoire, victoire mais quelle victoire ? " déclame-t-elle dans son "Abidjan, je t'aime". Ultime prière de son recueil.

L'arme poétique est la voie étroite empruntée par bon nombre de ses devanciers et contemporains du bassin du Congo. A commencer par Sony Labou TANSI  en passant pat Maxime N'DÉBÉKA (qui sera présent ce dimanche 14 juin à partir de 14h30 chez "Livres et auteurs du Bassin du Congo" lors de cette 33ème édition du Marché de la poésie de Paris) en passant par Bellarmin MOUNTSIGA qui a préfacé "Sanglotites équatoriales".

Le recueil de cette gabonaise trentenaire  native de Mouila  (province NGOUNIÉ) est la résultante d'un long mûrissement d'un chemin de vie. Pas vraiment débutante en écriture, on lui doit "Le voyage d'Aurore"(2007) et "J'ai résolu de.." 2008 , deux livres puisés au coeur de son expérience. Aurore est l'Autre soi-même de Nadia ORIGO. Adolescente, elle rêvait d'un Ailleurs qui ne pouvait se trouver qu'à des milliers de kilomètres, Les circonstances l'amèneront à explorer, découvrir et s'extasier sur la diversité et la beauté des paysages de son pays. A comprendre que l'Ailleurs peut être, très proche. Au fil des pages de "Sanglotites équatoriales", une étape est franchie. Ailleurs est Autrui, l'Ailleurs est en soi. 

Détentrice d'un DEA en Géographie de la Santé de l'Université Paul-Valéry de Montpellier, Nadia ORIGO est également éditrice. Elle préside aux destinées de La Doxa éditions qui a publié en 2012 "Le Bal des débutants" qui prévient la 4ème de couverture : « Tous les chemins mènent à la réussite, mais au bout d'une voie large et spacieuse peut se cacher une mare aux crocodiles... ». Un vrai talisman pour cette femme à qui l'on doit la belle et téméraire expérience de l'automne 2010 "Divertsitelles".

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